mon jour de chance
Quand on est un pauvre petit cochon sans défense, perdu au milieu des renards, loups ou autres ours, que l’estomac gronde, alors tous les coups sont permis ! Il s’agit d’être plus malin que les autres. Voilà un album plein d’humour où notre ami cochon fait tourner en bourrique terrible renard pour obtenir bain, repas et massage avant de rentrer tranquillement à la maison croquer un biscuit au coin du feu.
La bonne idée de Keiko Sakai est de laisser son jeune lecteur découvrir lentement, au fil des pages, que la victime n’est pas celle que l’on croyait. Notre porcelet, qui gigotait et hurlait : « Laissez-moi partir ! Laissez-moi partir ! », joue admirablement de sa faiblesse supposée pour mener son bourreau par le bout du nez. La supercherie est dévoilée dans les dernières pages de l’album avec beaucoup de drôlerie et de finesse. Attention, il se peut qu’un petit commentaire de texte soit alors nécessaire pour les petits : « As-tu bien compris pourquoi ce porcelet se paie notre tête depuis le début de l’histoire ? ».
Le dessin de Kasza sert cette drôlerie. Les visages sont expressifs (effroi, embarra, fausse naïveté, concentration ou fatigue), les corps se contorsionnent et les compositions en pleine page, double page ou bien en vignettes permettent à l’enfant de laisser vagabonder le regard.
Pauvre renard qui pensait vivre son jour de chance ! La chance, nous dit Seiko Kasza, ça n’existe pas vraiment. Elle se provoque, à condition d’avoir un peu d’imagination, un talent d’acteur et beaucoup d’audace. (Yann)
Mon jour de chance, de Keiko Kasza (Ed. kaleidoscope), 2004
{livre acheté dans une de nos librairies préférées, L'Oiseau Lire, à Evreux}