la lapin en peluche
Ce n'est pas une nouveauté, loin de là, mais ce livre, trouvé par hasard à la bibliothèque m'a enthousiasmée, émue et plus encore. Komako Sakaï est décidément l'une de mes illustratrices préférées. Elle adapte et illustre ici une histoire écrite en 1922 par Margery Williams.
Le héros de ce récit est un lapin en peluche, offert à un petit garçon à Noël. Dans le placard où il est rangé, un très vieux et gentil cheval à roulettes lui explique que les jouets peuvent devenir vivants si un enfant les aime vraiment… Quelques jours plus tard, la femme de ménage le récupère au fond du placard et le dépose dans le lit du petit garçon. Tous deux deviennent alors inséparables. Les jours passent, les saisons s'écoulent sans que jamais ils ne se quittent. La description de leur relation est magnifique, pleine de tendresse, de poésie… "Des semaines passèrent et le lapin devint très vieux et tout râpé. Il avait perdu ses moustaches, le rose de ses oreilles était devenu gris. Il commençait même à perdre sa forme et n'avait plus tellement l'air d'un lapin, sauf pour le petit garçon qui le trouvait toujours beau, et c'était bien ça le plus important. D'ailleurs, cela lui était égal d'être tout râpé, puisqu'il était vivant et que le petit garçon l'aimait tellement." Mais un jour, le petit garçon tombe malade. Lorsqu'il guérit, le médecin ordonne de brûler tous les jouets qu'il a touchés car ils sont plein de microbes.C'est ainsi que le lapin est jeté dans un sac, au fond du jardin. Se passe alors une chose incroyable : une vraie larme coule sur le "petit nez de peluche tout râpé". Et, à l'endroit où tombe la larme, une ravissante fée apparaît. C'est "la fée de la chambre d'enfants" : "Je veille sur tous les jouets que les enfants ont aimés. Et quand ils sont très vieux, qu'ils doivent partir ou que les enfants n'ont
plus besoin d'eux, je les emporte avec moi et je les rends vivants" lui dit-elle doucement. Et alors, le lapin comprend qu'il n'était vivant que pour le petit garçon et qu'il va maintenant l'être vraiment et pouvoir gambader avec les lapins qu'il avait croisés, un jour…
Le texte est vraiment splendide. Et il dit des choses très belles sur le thème de la relation de l'enfant et son doudou, et celui, inévitable de leur séparation.Le texte est un peu long et j'avais l'impression en le lisant à Tristan qu'il était compliqué pour lui. Mais il s'est mis à pleurer au moment où le lapin est jeté au fond du jardin. Je lui ai demandé s'il était triste, il m'a répondu qu'il était fatigué… Pour parler de ce livre, il dit " le livre avec la larme" (pas la sienne, mais celle du lapin. Celle qui fait naître la fée).
Les dessins sont magiques, incroyables. Et je viens de me rendre compte de l'absence des adultes dans les albums de Komako Sakaï. Lorsqu'ils sont présents, ils sont représentés de dos, ou le visage à moitié caché. Le monde de cette artiste japonaise est vu à hauteur d'enfant et cela confère à ses albums une tendresse particulière.
C'est pour moi un album essentiel et je suis heureuse de commencer l'année des Trois brigands avec ce si beau livre..
Le lapin en peluche, de Komako Sakaï, d'après une histoire de Margery Willliams, 2007, L'École des loisirs, 12,50 euros.